Thierry Bertrand, responsable support technique et formations chez Sofath – fabricant de Pac géothermiques appartenant au groupe néerlandais BDR Thermea – revient pour Chaud Froid Performance sur les derniers chiffres marché et leur nouveau mode de captage de calories.
CFP : Comment se porte l’activité de Sofath en France ?
Thierry Bertrand : Nous sommes aujourd’hui leader sur la géothermie avec 28 % de part de marché. Nous aimerions monter ce taux à 40 % car il y a peu d’acteurs sur ce secteur actuellement. Nous avons un réseau de 30 concessionnaires – à savoir des techniciens, commerciaux – qui vendent et installent en France. Les équipes sont formées aux métiers de la vente, de la pose et de l’entretien dans les centres de formation agréés Sofath. L’objectif est d’atteindre une cinquantaine de concessions – soit cinq ouvertures par année – d’ici 2024 afin de couvrir l’ensemble de l’Hexagone. En attendant, nous nous organisons pour recruter des stations techniques ayant pour mission de répondre à la demande de clients Sofath sur les zones délaissées, avant l’ouverture prochaine de concessions.
CFP : Le marché français de la géothermie a progressé entre 2019 et 2018 – 2 600 unités vendues l’an passé et 9 % de croissance – même s’il reste un marché de niche. Est-ce bon augure pour les prochaines années ?
TB : Nous ressentons un véritable intérêt pour la géothermie même si le marché ne pourra pas retrouver de sitôt les chiffres de 2007 et de 2008. Il y a une dizaine d’année, la géothermie était destinée à des maisons plutôt « haut de gamme » avec un grand terrain. Aujourd’hui, la géothermie se démocratise à des habitations plus petites et le marché repart à la hausse. On entend parfois des querelles entre voisins possédant des Pac aérothermiques, sources potentielles de nuisances sonores, la géothermie pourrait en tirer profit… Toutefois, ce regain de croissance est un bon signe pour la suite, nous sommes optimistes. Une croissance exponentielle du secteur ne serait pas la bienvenue car cela entrainerait l’arrivée d’éco-délinquants et nuirait à la qualité des installations, comme à la fin des années 2000.
CFP : Le président de l’Afpac Eric Bataille regrettait en février que les ménages les plus aisés aient été sortis des aides de l’Etat. Quel est votre avis ?
TB : C’est regrettable. Le marché repart à la hausse pour la première fois depuis plus de 10 ans et derrière le gouvernement freine les ménages les plus demandeurs. Nous devons, nous industriels, trouver des systèmes de captages plus simples et plus accessibles à des coûts moins importants pour cibler les ménages des premiers déciles. Pour cela nous voulons développer des pompes à chaleur de plus petites puissances – de l’ordre de 3 à 4 kW – afin d’éviter le surdimensionnement et d’avoir des surfaces de captage adaptées aux besoins thermiques de l’habitation.
CFP : Quelle est votre stratégie pour booster vos ventes ?
TB : Nous avons développé un nouveau modèle des capteurs géothermiques plus simple et rapide à mettre en œuvre. 80 % de nos installations fonctionnent sur un mode de captage horizontal, car les coûts de son installation sont moins élevés par rapport au captage verticale. Nous sommes allés plus loin. La plupart des propriétaires sont craintifs car le captage horizontal est une solution efficace à mettre en œuvre, mais sa pose nécessite un décapage total d’une partie du terrain. Cela est problématique, c’est pourquoi Sofath a lancé cet automne un nouveau mode de captage de chaleur dit « en tranchée ». La pose des capteurs géothermiques pour alimenter la Pac ne nécessite plus un décaissement du terrain, mais une simple tranchée de 10 centimètres de largeur et 60 cm de profondeur suffisent pour placer le réseau, à la manière des systèmes d’arrosage enterrés. Cette nouvelle technique libère du terrain et l’installation de capteurs en tranchée ne nécessite pas d’autorisation administrative de la commune et ne dure qu’une seule journée.
CFP : Qu’en est-il pour les pompes à chaleur déjà installées ?
TB : Le marché du la rénovation représente 60 % de notre activité. Aujourd’hui, on estime à 50 000 installations Sofath en France – installées au début des années 90 – susceptibles d’être remplacées par des appareils. Et F-Gas oblige, nous travaillons désormais sur un nouveau fluide, avec un GWP très bas, prévu pour 2021 pour le rétrofit de ces anciennes gammes de pompes à chaleur Sofath au R22 et également pour les Pac concurrentes.